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Posted: 26 Feb, 2023 @ 7:34am
Updated: 26 Feb, 2023 @ 7:34am

Mon tardis au fond du Prey

Mon immersion à moi

L’immersion peut prendre bien des formes, pour moi c’était avant tout une histoire de trench-coat en cuir noir, sous les vestiges d’une statue de la liberté bafouée.
Il y a encore quelques semaines, je n’aurais pas imaginé pouvoir m’y adonner au sein d’une ambiance science fiction british des années 70/80.

Je suis un joueur, un égo et une conscience désincarnée qui peut prendre le contrôle de nombreuses entités, dans un monde qui semble aux premiers abords être une simulation ou plutôt un programme.
Un petit peu comme dans un Nomad Soul, le voile entre mon moi dans le jeu et mon moi dans la réalité peut parfois sembler bien fin.

Bien qu’étant sous la forme d’une entité immatérielle, je passe mon temps à sauter entre de nombreux éléments tangibles, revêtant différentes formes tel le docteur.
Les réceptacles de ma conscience peuvent aller du simple distributeur de boisson au robot autonome, certaines entités m’offrant de multiples possibilités et aptitudes.

Toutes les intéractions avec le jeu sont basées sur ce principe de saut, saut qui n’est pas une téléportation, je me déplace réellement entre les différents éléments.

Ainsi pour sauvegarder, il me faudra sauter dans un appareil dédié à la sauvegarde de ce programme et véritablement utiliser son écran dans le jeu.
Pour obtenir des informations, je pourrais prendre possession de tablettes tactiles.
Pour communiquer avec mon énigmatique interlocuteur/guide, je prendrais le contrôle de bornes nommées C.A.T. .

A ma disposition, j’ai surtout deux entités qui peuvent se mouvoir. Tout d’abord les Pup, des petits chiens robot qui me permettent de me faufiler un peu partout, d’explorer le terrain furtivement, d’ouvrir des portes et même d’aboyer pour attirer l’attention.
Chaque Pup a son propre petit nom.

Ensuite j’ai les Bugs, des robots qui n’ont pas forcément leur place en ces lieux. Plus particulièrement, j’ai Bug 22. C’est lui mon réceptacle principal, que je peux upgrader pour obtenir de nombreux outils.

Bien évidemment, je ne suis pas le bienvenu, l’environnement n’accepte pas ma présence et divers systèmes de sécurités et entités hostiles sont en place. Si je peux les contrôler et profiter de leurs capacités, cela se fait au prix d’une ressource : l’Ego, au sens propre comme figuré.

L’Ego s’obtient dans, l’environnement, la prise de contrôle de certaines machines, la destruction de mes adversaires, la découverte de secrets.
Je parlais plus haut de double sens, c’est car j’ai compris assez rapidement que gaspiller mon Ego pour trouver une solution implique aussi de perdre une part d’égo de moi même, le joueur. Car en étant malin, en déployant de bonnes tactiques avec tous les outils que j’ai en main, en exécutant avec brio mes plans, en observant et en découvrant, je peux surmonter bien des épreuves sans gaspiller mon Ego dans le jeu.

Deux autres ressources sont utiles, l’Energie des hôtes (et objets) que je vais contrôler, qui est en quelque sorte leur santé et influence leurs mouvements et formes et le Juice de mon Bug 22, qui est utilisé pour alimenter ses capacités.

Si le jeu se déroule en plusieurs chapitres, je peux me balader librement entre les différents niveaux et y revenir quand je le désire si je le souhaite. Il y a des chargements entre les niveaux mais on conserve tout objet que l’on déplace.
Ces niveaux sont souvent liés entre eux de manière cohérente; via une multitude d'embranchements. Ensemble, ils constituent 3 faux mondes ouverts, un peu comme Prey, en restant quand même bien éloigné du génie architectural au budget AAA de Talos.

Le level design est bon, déjà par toutes les possibilités offertes sur les niveaux les plus ouverts (les premiers niveaux sont plus linéaires), la verticalité et les secrets. Mais aussi car je peux débloquer plein de raccourcis et chemins, qui sont utiles au backtracking ou pour passer outre les dangers.
Il y a un chapitre/lieu en particulier qui est une belle claque grâce à son immensité et sa richesse.

Les chapitres rythment une histoire assez meta et cryptique au début, dont je ne vais rien dévoiler ici.

Surabondance d’Inputs et Outputs

A l’instar de divers autres immersive sim, l’observation et l’infiltration sont de la partie. Je passe donc mon temps à déjouer les systèmes de sécurité, tromper les ennemis et analyser le terrain avant de m’avancer.
L’IA est attentive aux mouvements d’objets et bruits qu’ils peuvent émettre dans leur manipulation. Plus on éveille les soupçons d’une entité, plus elle est alerte.
Mais ici il n’est pas question de jouer avec les ombres ou de se pencher, il est nécessaire d’utiliser de la physique (par exemple placer judicieusement des containers qui peuvent obstruer le champ de vision d’un adversaire) et des multiples aptitudes de nos hôtes.
Bien sûr, le fait d’être un système immatériel qui peut sauter entre plusieurs éléments anodins de l’environnement m’aide aussi.

L’immersive sim peut prendre bien des formes, Prey avait celle de l’immersive sim créatif.
Par ce terme je catégorise les titres qui vont m’offrir plein d’outils et me permettre de créer des pièges et solutions innovantes.
Beaucoup parlent d’immersive sim puzzle, si c’est assez juste dans l’idée de résoudre des problématiques, je n’aime pas trop cette dénomination car un puzzle, pour moi, a une connotation de solution unique.
A l’inverse, tout le sel de ces jeux est d’offrir plein de solutions et de laisser le joueur libre de ses tactiques.

Vous l’aurez compris, Ctrl Alt Ego est un immersive sim créatif et même plus que ça, il en est un des plus grands représentants !

Tout d’abord, il est doté d’un moteur physique qui gère la plupart des éléments disponibles dans l’environnement (et même nos hôtes). Je passe ainsi mon temps à jouer avec tout ce qui est disponible dans l’environnement.
A chaque affrontement, à chaque problème, il est question de physique.
Un pack d'énergie trop loin m’oblige à me mettre à découvert ? Je peux, entre autres, l’attirer avec le super aspirateur de Bug 22.
Un accès en hauteur empruntable par un Pup ? Je peux, entre autres, en jeter un dedans
Un piège à bug (mine) sur mon chemin ? Je peux, entre autres, le faire voler à vive allure vers un adversaire avec système d’impulsion de Bug 22.
J’énonce ici des exemples simples, cela devient particulièrement passionnant quand on combine les solutions et effets.

L’autre particularité qui rend le jeu créatif concerne les capacités offertes par les robots et principalement Bug 22. Celles-ci sont assez originales et ouvrent bien des possibilités.
Par exemple, il est possible d’introduire une erreur (fault) dans un objet ou entité, ce qui le rendra explosif au moindre contact en mouvement. J’aime l’appliquer sur un débris de robot, pour ensuite le jeter sur un autre ennemi ou le mettre sur son chemin.

Rarement un jeu m’a autant offert la possibilité de combattre mes adversaires sans utiliser la moindre arme.
D’ailleurs, si Bug 22 peut obtenir une arme à feu, c’est une capacité comme les autres. On est libre de débloquer les capacités de son choix, dans l’ordre que l’on souhaite, et donc de jouer sans aucune arme.

Le bug est dans les détails

La suite est disponible ici : Forum CanardPC[forum.canardpc.com]
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