"Lettre du soldat français Charles Guinant, mort pour la France le 16 Mars 1916, Verdun

<< Verdun,

Le 18 mars 1916,

Ma chérie,

Je t’écris pour te dire que je ne reviendrai pas de la guerre. S’il te plaît, ne pleure pas, sois forte. Le dernier assaut m’a coûté mon pied gauche et ma blessure s’est infectée. Les médecins disent qu’il ne me reste que quelques jours à vivre. Quand cette lettre te parviendra, je serai peut-être déjà mort. Je vais te raconter comment j’ai été blessé. Il y a trois jours, nos généraux nous ont ordonné d’attaquer. Ce fut une boucherie absolument inutile. Au début, nous étions vingt mille. Après avoir passé les barbelés, nous n’étions plus que quinze mille environ. C’est à ce moment-là que je fus touché. Un obus tomba pas très loin de moi et un morceau m’arracha le pied gauche. Je perdis connaissance et je ne me réveillai qu’un jour plus tard, dans une tente d’infirmerie. Plus tard, j’appris que parmi les vingt mille soldats qui étaient partis à l’assaut, seuls cinq mille avaient pu survivre grâce à un repli demandé par le Général Pétain.

Dans ta dernière lettre, tu m’as dit que tu étais enceinte depuis ma permission d’il y a deux mois. Quand notre enfant naîtra, tu lui diras que son père est mort en héros pour la France. Et surtout, fais en sorte à ce qu’il n’aille jamais dans l’armée pour qu’il ne meure pas bêtement comme moi.

Je t’aime, j’espère qu’on se reverra dans un autre monde, je te remercie pour tous les merveilleux moments que tu m’as fait passer, je t’aimerai toujours.

Adieu. >>

Soldat Charles Guinant.

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Letter from French soldier Charles Guinant, who died for France on March 16, 1916, Verdun

<< Verdun,

March 18, 1916,

My darling,

I am writing to tell you that I will not be coming back from the war. Please don't cry, be strong. The last assault cost me my left foot and my wound has become infected. The doctors say I have only a few days to live. By the time this letter reaches you, I may already be dead. I will tell you how I was wounded. Three days ago, our generals ordered us to attack. It was an absolutely useless slaughter. At the beginning, we were twenty thousand. After passing the barbed wire, we were only about fifteen thousand. That's when I was hit. A shell fell not far from me and a piece tore off my left foot. I lost consciousness and only woke up a day later in an infirmary tent. Later, I learned that among the twenty thousand soldiers who had gone to the assault, only five thousand had been able to survive thanks to a withdrawal requested by General Pétain.

In your last letter, you told me that you were pregnant since my leave two months ago. When our child is born, you will tell him that his father died a hero for France. And above all, make sure that he never goes into the army so that he doesn't die stupidly like me.

I love you, I hope we will meet again in another world, I thank you for all the wonderful moments you gave me, I will always love you.

Goodbye. >>

Private Charles Guinant."