Fabien FOUFOU
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Retour aux sources tant attendu, Call of Duty : WW2 nous propose de remettre les pieds sur terre l’espace d’un instant afin de revivre les sensations qui ont fait de la franchise un succès planétaire. Sledgehammer, qui avait amorcé avec succès le triptique futuristico-aérien grâce à Advanced Warfare, reprend donc les commandes de la saga cette année pour nous livrer un épisode maîtrisé de bout en bout, à la fois complet et prenant. Allez, on sait tous que le doux son métallique du M1 Garand vous avait terriblement manqué…

Si l’on avait émis quelques réserves sur les deux derniers solos de la licence, il faut bien l’avouer ici, nous n’avions pas vu campagne aussi haletante dans un shooter à tendance multi depuis fort longtemps. Et si l’an dernier, celle de Titanfall 2 nous avait agréablement surpris, celle de ce WW2 va encore plus loin dans le plaisir qu’elle procure et repose sur trois ressors finement réglés : un gameplay plutôt varié et rarement redondant, une mise en scène ultra-efficace et un sentiment de camaraderie et d’interdépendance au sein de notre petite team de héros pas comme les autres…
Le petit détail qui change tout : la jauge de vie
Call of Duty : WW2 : Un retour aux sources brut et rafraichissant

On commence donc avec nos héros d'infortune pour aborder LA grosse différence qui dénote avec les solos « classiques » des Call of Duty : les interactions entre les membres de l’escouade et le nouveau système de vie qui, s’il apparait de prime abord comme un tout petit changement, bouleverse pas mal le feeling du jeu. Exit donc les « deux secondes à couvert » pour regagner sa vie et place désormais à la panique qui s’emparera de vous lorsque vous chercherez où diable se trouve votre toubib. Sur une pression de touche dans sa direction, il vous lancera un medkit, à condition toutefois qu’il en ait à sa disposition et qu’il soit suffisamment proche de vous. Le cas échéant, ce personnage de votre équipe vous donnera la possibilité de vous soigner en quelques secondes et de stocker des packs de soin.
Call of Duty : WW2 : Un retour aux sources brut et rafraichissant

Grâce à ce système, Sledgehammer affranchit son jeu du fameux cycle « couverture, lean-up, tir, couverture » et rend le titre bien plus dynamique en donnant enfin la possibilité au joueur de presque faire comme bon lui semble, d’aller plomber des ennemis en solitaire avec 4 packs de soins sur lui, de battre en retraite face à une poche d’ennemis en allant se réfugier près de son escouade ou encore d’utiliser la demi-douzaine de capacités bonus dont il dispose en sa compagnie pour gérer au mieux les affrontements. Le rythme et les gunfights retrouvent ainsi une certaine fraicheur sans pour autant que cela passe forcément par la mise en scène. En quelque sorte, le gameplay de CoD atteint enfin à l’âge adulte, trouvant sa voie à travers une formule « old-school squad-based FPS » après une phase de puberté marquée par des frasques aériennes impliquant jetpacks et autres wallruns. Plus libres et plus stratégiques, les combats gagnent ici en difficulté et vous donneront souvent du fil à retordre : chaque balle encaissée peut faire la différence, de même que chaque munition peut compter dans certaines séquences.

Innovation majeure de cet épisode, l’escouade déboule donc aux côtés d’améliorations plus discrètes : QTE dynamiques à la Telltale, ton global de la mise en scène beaucoup plus noir et plus cru, séquences en véhicule vraiment trippantes : l’enrobage de cette campagne est du plus bel effet et sert une structure de 11 longues missions qui vous tiendront en haleine 7 à 8 heures, en normal, en laissant un peu de marge pour vos nombreuses tentatives sur certains passages épineux. La variété sera au rendez-vous, comme dit plus haut, et c’est avec un plaisir non dissimulé que nous entrons dans la peau de divers corps armés ayant servi durant la Seconde Guerre Mondiale : du tankiste à l’aviateur en passant par la Résistance. Ces apartés laissent place à de l’infiltration ou encore à de la conduite et donnent ainsi à la campagne de WW2 un aspect moins américano-centré même si l’on reste sur le front de l’ouest.
Une campagne plus « mature »
Call of Duty : WW2 : Un retour aux sources brut et rafraichissant

Cté histoire, on est ici sur du scénario classique de film de guerre, sans trop de fioritures. On incarne Red Daniels, un petit gars texan qui n’a rien d’incroyable et se retrouve plongé dans l’enfer du débarquement allié. On le suivra, lui et son équipe, jusqu’aux bords du Rhin dans plusieurs missions improvisées et autres opérations de grande envergure qui nous mèneront de la Normandie à Paris, des Ardennes jusqu’aux fleuves allemands sans pour autant que l’on puisse en prendre la capitale, malheureusement. La camaraderie, la rudesse des routines sur le front, l’obstination de certains supérieurs, le fragile équilibre entre pertes humaines et objectifs militaires, le courage des soldats, l’amitié et la cruauté inhumaine de la guerre seront donc les thèmes abordés par cette campagne qui, à travers une quinzaine de cinématiques du plus bel effet, nous immerge en apnée prolongée. On regrettera toutefois certaines inégalités graphiques entre les cinématiques, les cut-scenes qui tournent avec énormément d’effets rajoutés et les séquences de jeu dans lesquelles les passages « narratifs » sont bien moins crédibles. En cause ? Un moteur et des outils vieillissants qui tiennent difficilement la comparaison avec des paquebots comme le Frostbite. Et si les systèmes, notamment le brouillard volumétrique et les fumées, ont été plutôt soignés, d’autres, comme les destructions de batiments, effectifs dans certaines séquences, apparaissent bien moins concluants. Mais cette campagne est une belle réussite que nous n’avons aucunement envie de vous spoiler d’avantage…
Du multi classique

En dehors d'un solo très réussi, CoD WW2 propose évidemment un multijoueur « classique », composé des habituels modes TDM, Domination, Search and Destroy, Kill Confirmed, Hardpoint ou encore FFA. Point de jauge de vie ici : nous sommes sur un gameplay des plus lambda, sans possibilité de se pencher pour ajuster un tir ou d’effectuer des mouvements « nouveaux » pour la série. Les affrontements restent donc dynamiques et vifs mais il s’agit encore et toujours de la même base que l’on nous ressert dans une autre ambiance, dans une autre époque. Les maps sont réussies, comptent une dizaine de zones de combat et sont relativement similaires sur leur level design : on ne sentira le besoin de changer d'équipement qu'à de trop rares occasions. D'ailleurs, les SMG sont toujours autant optimisées pour la plupart des combats, les fusils sont ici plus puissants mais moins maniables, quant aux fusils à pompe, ces derniers sont malheureusement trop peu puissants, à l’image des snipers qui ne servent qu’à de trop rares occasions. Enfin, les LMG bien qu’étant redoutables, vous rendront plutôt lent et s'avèrent donc moins polyvalentes…
Call of Duty : WW2 : Un retour aux sources brut et rafraichissant

Chacun trouvera donc son bonheur mais les écarts se creusaient déjà sur notre session de test où les SMG étaient reines, Sledgehammer devra donc sans doute rééquilibrer ses 25 armes pour les rendre plus efficaces sur les 10 maps figurant dans le mode multi. Toutes sont donc de qualité égale et deux ou trois se distinguent par leurs longues allées qui dénotent avec les couloirs étriqués et ruelles avec fenetres de tir en hauteur qui représentent 70% du level design. Nous sommes toujours ici sur une expérience favorisant les loups solitaires, calibrée pour être appréciée sur de courtes et longues sessions, sans trop devoir interagir avec l’équipe pour réussir, sauf peut-être sur le mode Gridirion, un classique revisité qui propose aux équipes d’aller mettre un but dans le camp adverse grâce à un ballon qu’il est possible de prendre dans les mains. Bref , un jeu que je recommande fortement