Ophelia s'apprête à vivre une terrible semaine. Piégée dans une boucle temporelle, elle aura l'occasion de voir les personnes qu'elle pensait connaître s'entre-tuer et faire surgir les pires facettes de leur humanité. Existe-t-il une fin positive ? Ou est-elle condamnée à une éternelle boucle de cauchemar ?


Elsinore est le nom d'une ville Danoise qui est le cadre supposé de "Hamlet", la fameuse pièce de Shakespeare dans laquelle se place notre histoire. Cependant, nul besoin de connaître Hamlet pour jouer à Elsinore, le jeu explique très bien ce qu'il faut savoir et le but n'est de toutes manières pas de reproduire exactement le déroulement de la pièce, on ne joue d'ailleurs pas le héro éponyme mais Ophelia, un personnage secondaire, ancienne compagne d'Hamlet qui finit noyé. Votre première partie se finira donc de manière plutôt abrupte.


Voilà donc que votre personnage se réveille dans son lit, pleinement consciente que son père se fera tuer de la main d'Hamlet et qu'elle mourra peu de temps après de la main d'une personne masquée. Comme on le sait, le savoir est sans doutes la plus puissante des armes, c'est vrai pour vous, mais aussi pour tous les autres protagonistes. Découvrez l'identité de l'assassin et il vous sera aisé de le faire arrêter. Apprenez les secrets d'une personne et il sera aisé de vous la mettre dans la poche. Vous avez l'éternité pour comprendre chaque rouage de cette semaine.


Bien sûr, il ne suffit pas de lâcher des informations au hasard pour obtenir des résultats. Personne ne vous croira si vous leur dites que vous être coincé dans une boucle temporelle, le simple fait de votre assassinat sera difficile à croire, et comment pourriez vous annoncer l'attaque imminente sur la ville sans qu'on vous prenne pour une folle ? Il vous faudra aussi collecter des preuves, chercher des indices, enquêter et suivre des pistes, manipuler et intriguer. Quant on a l'éternité devant soi, on apprend à être patient.


Elsinore est accompagné d'une musique parfaitement cadrée dans le thème. Adam Grubman est peu connu sur PC, mais est un compositeur expérimenté travaillant beaucoup pour différents médias. La musique colle si bien au thème qu'elle semble parfois se fondre au jeu, on en oublie qu'elle existe jusqu'à ce qu'elle change, donnant une nouvelle tonalité au jeu, appuyant les moments graves sans pousser à l'excès dans une émotion.


Du côté graphique, Elsinore possède un joli style haut en couleur, évoquant quelque peu la peinture, alternant quelques détails précis dans des décors et quelques éléments plus grossiers, simplement évoqués du pinceau. Les dialogues sont accompagnés d'un portrait de l'interlocuteur qui montre avec plus de précision les expressions des personnages que ne le laisseraient voir les modèles 3D.


Le jeu est stable et les quelques bugs qui peuvent être rencontrés durant une partie ne bloquent pas la progression, beaucoup sont même plutôt rigolo, tel que des personnes assises dans l'air ou des erreurs de Pathfiding. Bien qu'Elsinore soit un projet de passion, créé sur le temps libre d'une petite équipe, les créateurs sont des professionnels expérimentés du milieu informatique, composé d'ingénieurs en IA et d'employés à plein temps dans des studios de renom. En revanche, Elsinore n'existe qu'en anglais et même si le jeu ne reprend heureusement pas l'archaïsme de la langue de Shakespeare, il faudra tout de même un niveau correcte pour pouvoir suivre.


Concrètement, Elsinore est basé sur le contrôle de l'information. Le joueur possède une sorte de journal de quête qui donne des indices sur les possibilités à étudier. Il existe une douzaine de personnages avec lesquels on peut évoquer une liste de sujet qui s'étend au fur et à mesure qu'on apprend des choses. Ce qui est intéressant, c'est que certains de ces sujets permettent de partager une information avec quelqu'un ou de changer ce qu'il pense. Le jeu nous signale, à l'aide d'une boîte de texte d'une manière qui semble grossière et plutôt bizarre au début, tel que "Quelqu'un pense désormais Quelque chose" et que "Tel évènement arrivera dans le futur si possible", ce qui s'affichera alors sur l'agenda du joueur.


Chaque personnage est donc entièrement prévisible puisqu'il reproduira à priori les mêmes actions lors de chaque partie, qu'on pourra vérifier sur l'agenda. Mais la force d'Elsinore, c'est que certaines informations vont radicalement changer ce que les personnages font. Quelques paroles suffisent à donner la mort ou à protéger des vies. Plus le jeu avance, plus nos options sont connues et plus on se sent puissant. Pour autant, il nous est toujours impossible de briser la boucle.


On finit peu à peu par perdre pied, par ne plus voir les autres que comme des leviers qui peuvent être manipuler. On se voit appuyer sur des boutons, expérimenter avec des vies humaines, mais dans quel but ? Existe-t-il seulement une conclusion à cette histoire ? Quel prix êtes-vous prêt à payer pour arriver à vos fins ? Vous possédez un grand pouvoir, mais personne pour vous mettre face à vos responsabilités. Conserverez vous votre raison ou deviendrez-vous un monstre ?

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Coupe-coupe, le curateur qui défriche la Jungle Steam